Histoire naufragée 

Claudia Ramalhoto & Naomy Wälchli - 2021-2022
« Nous nous approchons peut-être d’un moment de crise de la vie urbaine, et les Villes Invisibles sont un rêve qui naît au coeur des villes invivables » Italo Calvino, 1972 Comment imaginer la ville demain ? La question du rapport de la ville et son évolution dans le temps reste au coeur des débats actuels. Nous pensons être capable de projeter le futur de nos villes mais la réalité est toute autre. Le territoire ainsi que notre monde évolue rapidement et drastiquement. Les prédictions liées au futur de notre environnement impacte notre imaginaire de ce que deviendra la ville. Ce collage image une ville immergée. Seul le sommet de ses plus hauts bâtiments émerge des eaux, ne voyant ainsi qu’une infime partie de la ville. Son centre historique, sa topographie, ses fondations sont submergées par la montée des eaux. C’est une partie de son identité qui est ainsi perdue et oubliée. N’ayant plus de repères historique, l’organisation de la ville sera érigée sur la base d’un plan fonctionnel. Les rues sont rectilignes ; les bâtiments s’alignent parfaitement. La densité de la ville bouleversera ainsi la qualité de vie en son centre. La présence de son histoire passée est totalement effacée. La nostalgie embaume la ville d’un parfum amer. Les habitants des villes d’autrefois chercheront à la faire revivre au travers de leur souvenir. Pour survivre et renaître de ses « eaux », la ville se restructure entièrement. Les champs, l’eau douce et les routes n’existent plus. Tout le secteur agroalimentaire doit être revu et contrôlé, que ce soit au niveau du type d’alimentation, de la production et de la consommation. Les toits émergés deviennent l’abri de la faune et de la flore restantes. L’industrie devient toujours plus innovante en terme de technologie afin de résoudre les problèmes liés à l’eau potable et à l’alimentation. L’eau environnante trop polluée ne peut aider la population à subsister. La gestion de la récolte de l’eau de pluie ainsi que la consommation de l’eau dans le quotidien a été revue. L’architecture est fortement impactée par le manque de matières premières encore accessibles. La gestion et le stockage étant un problème majeur. On ne construit que pour optimiser la densité des logements dans la ville. Elle n’a aucun contexte historique à offrir ce qui réduit l’architecture à un unique modèle de construction. L’architecte vit dans l’ombre des promoteurs. La population mondiale a énormément diminué mais elle est aussi divisée. Le gouvernement doit gérer les différents stocks. La démocratie est en péril. Les villes ne cherchent plus à collaborer entre elles. Elles cherchent à survivre. Elles ne demandent aucune aide extérieure et se veulent suffisantes à elles-mêmes. Refermée sur elle-même, la ville perd en diversité et en culture. La ville fonctionne seule, coupant ainsi les liens extérieurs avec le reste du monde.